Habiter le désert : Boucraa, une ville invisible

Venise, Italie

Biennale de Venise 2014, Pavillon du Maroc

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2022
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La draperie du Territoire : Notre projet explore les traces laissées par l’exploitation minière de Boucraa, une ville du Sahara, située à 100 km au sud-est de Laâyoune et se propose de les transformer et de les revitaliser pour créer les conditions nécessaires à l’habitat, dans un processus salvateur de re-naturalisation de la terre exploitée.

Il habite ainsi la draperie des plis, des failles et des creux, issus de l’arrachement à la terre des minerais bruts et naturalise le paysage actuel des collines artificielles et des sillons de terre retournée, empreintes de l’activité minière. Le projet façonne le relief et la topographie pour donner chair a des espaces jusqu’alors impossibles ou impensables, des espaces ouverts au ciel, au soleil et à la lune, enfouis dans la terre en réseau étoilé comme un maillage texturé de masses et de vides qui constituerait l’imaginaire d’une ville invisible.

Nous distinguons différentes situations paysagères destinées à être réappropriées pour être habitées et vécues.

  • Les lignes de failles du relief dans lesquelles nous ouvrons des poches et des plis a même le sol et qui deviennent par là même des topiques, des lieux de vie a ciel ouvert autour desquels s’organisent les logements.
  • Les collines artificielles et autres sillons de terre situés en contrebas et encaissés par rapport au terrain, qui sont naturalisés et reverdis pour constituer une prairie, une nouvelle oasis pour la ville. Certaines dunes seront transformées en espaces d’activités.
  • Les belvédères sur l’horizon, qui jalonnent le relief comme des portes d’entrée dans la ville et qui sont des lieux affirmatifs depuis lesquels le désert peut être appréhendé dans sa grande échelle.

L’expérience des limites
Boucraa serait donc une ville invisible, une ville enfouie dans les méandres du sol, à plusieurs profondeurs, en suivant la topographie artificielle issue de l’exploitation minière.
Inscrite dans l’archéologie des traces et tissée comme une dentelle rocheuse de plis et de creux orientés sur le paysage en contrebas des collines et sillons, elle n’apparaît qu’au travers de ses portes, conçues comme des tourelles en balcon sur le grand paysage. Cette ville invisible faite de plis successifs et de lignes de failles en étages s’appuie sur le relief et la géographie pour créer un habitat du désert dans la continuité de l’habitat troglodyte. Elle retrouve les conditions édéniques des oasis au travers de jardins plantés nichés au coeur des champs de dunes et évoque un « bonheur écologiste » conquis sur les conditions extrêmes de la nature désertique.

Habiter le sol – une empreinte environnementale quasi neutre
L’habitation au sein du sol permet de revenir aux sources de l’habitat, de recréer une symbiose avec l’environnement immédiat. Sur le plan thermique, le sol permet de déconnecter les logements des fluctuations de température. Il offre une enveloppe dont la température est quasi constante sur l’année. Creusées dans le sol, les habitations possèdent
déjà une protection naturelle pour maintenir des conditions hygrothermiques confortables.
Le sol peut donc être considéré comme un tampon thermique, isolant et protecteur.

Habiter le désert : Boucraa, une ville invisible